Les arbres trompent leur faim en CO2

Publié le par NOUALHAT Laure

Combien de carbone atmosphérique les prairies et bois américains absorbent-ils ? «Bien moins que prévu», estime Robert Jackson, biologiste à l'université de Duke et coauteur d'une étude sur le carbone emprisonné dans les sols du sud-ouest des Etats-Unis parue hier dans Nature. D'après lui, l'impact de certains puits de carbone naturels ­ arbres, prairies et zones boisées ­ serait «exagéré».

Pour mener leur étude, Robert Jackson et son équipe se sont penchés sur six paires de sites où arbres, arbustes et plantes boisées prennent le pas sur les prairies, un phénomène en cours dans de nombreuses régions du globe : Amérique latine, Afrique du Sud, Australie, prairies américaines du sud et de l'ouest. «La nuance est importante : nous avons étudié la pousse d'arbres sur de nouvelles zones et pas un phénomène de reforestation», précise le chercheur. Là où les nouveaux arbres se développent, les biologistes ont mesuré que le taux de carbone présent dans les sols diminuait. Par ailleurs, ils ont observé que les sols des zones boisées humides piégeaient moins de carbone que lorsqu'elles étaient à l'état de prairie. «La production de carbone des végétaux va moins dans les sols que vers les branches et les feuilles», avance le chercheur.

«Comprendre où et pourquoi ces puits apparaissent et comment ils fonctionnent est essentiel», signale Robert Jackson. Ces réservoirs naturels permettent d'équilibrer le cycle du carbone sur la planète. La moitié du CO2 émis par la combustion des énergies fossiles est relâchée dans l'atmosphère, suscitant ainsi le réchauffement climatique. L'océan et la terre absorbent le reste agissant comme des puits de carbone. Et sur la terre, arbres, forêts et prairies, qui couvrent 40 % de la surface de la terre, sont très gourmands en carbone. «Des études récentes prétendent que le cycle du carbone aux Etats-Unis est équilibré : le dioxyde de carbone relâché dans l'atmosphère serait totalement absorbé selon deux processus : la reforestation en cours à l'est du pays et les invasions de plantes boisées au sud et à l'ouest. Je crois que ces études sont excessivement optimistes.».

Publié dans CO2

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